Peut-être vous souvenez-vous – ce n’est pas si lointain, août 2014 – le Nova, dans le cadre de son festival PleinOPENair, plantait son écran à Haren, à proximité d’un terrain de 18 ha destiné à accueillir le plus grand complexe pénitentiaire du pays. Au lendemain de notre passage, les tentes de militants d’ici et d’ailleurs commencèrent à se multiplier sur ce terrain sous pression carcérale. C’est ainsi que naquit la première ZAD (zone à défendre) de Belgique.
Quelques mois plus tard, associations environnementales et des droits de l’homme, criminologues, magistrats et fervents défenseurs des terres agricoles se regroupaient pour former la plate-forme contre le désastre carcéral, et la terre disputée se couvrait de champ de patates. Dans le même temps, le projet de prison connaissait quelques avancées – dont la délivrance du permis d’environnement
En septembre 2015, les forces de l’ordre expulsaient les occupants de la ZAD, portant un coup certain à la vitalité de la lutte. Mais celle-ci reprit de plus belle en démultipliant les actions, balades, rencontres festives et autres moments de débats sur la question carcérale et les alternatives.
Cette soirée est un coup de pouce à cette lutte de longue haleine. Tous les bénéfices iront directement au soutien des frais engendrés par celle-ci.
N’hésitez donc pas aussi à user et abuser de notre bar, le temps de cette soirée organisée en collaboration avec Bruxelles Laïque !
Au cinéma Nova
rue d’Arenberg 3, 1000 Bruxelles
10€ / 7,5€ (pour la soirée complète)
PROGRAMME :
17h. FILM : L’intérêt général et moi
de Sophie Metrich & Julien Milanesi, 2015, FR, 82’, VO.
Il en est du projet de méga-prison comme il en est d’autres grands projets portés à bout de bras par les pouvoirs publics. Pour tous ceux-ci, la société civile a du mal à discerner l’intérêt général rencontré par ces infrastructures hors norme, au coût démesuré. On pense bien sûr à des projets très connus, tels l’aéroport de Notre Dame des Landes ou le barrage du Sivens, mais d’autres sont moins connus, tels le projet d’autoroute A65 Langon-Pau ou le projet ferroviaire LGV du Sud Ouest, qui questionnent l’usage d’utilité publique et démocratique des territoires. Qu’est-ce que l’intérêt général ? Qui le définit ? Sur quels fondements ? Habiter un territoire donne-t-il des droits sur son devenir ? A travers trois projets concrets, le documentaire creuse la (non)légitimité de leur conception et donne corps aux témoignages de ceux touchés dans leur quotidien par ces méga-structures.
La projection sera suivie d’une discussion avec le comité de Haren, des (anciens) occupants de la ZAD et des membres de la plate-forme contre le désastre carcéral.
19h. TABLE D’HÔTE
20h. FILM : Le Déménagement
de Catherine Richard, 2011, FR, 54’, VO.
Le déplacement des prisons, depuis le cœur de la ville vers la périphérie, relève d’un vaste mouvement qui n’est pas sans poser question sur le quotidien des détenus. Dans ce documentaire, ces derniers évoquent face caméra leurs conditions de vie, leurs attentes et leurs angoisses, avant et après le déménagement de la prison de Rennes (400 places), vers un nouveau Centre Pénitentiaire de 690 places construit en périphérie. A Rennes, l’établissement est surpeuplé et vétuste mais implanté au cœur de la ville, les détenus voient depuis leurs fenêtres “des habitations, les gens qui partent au travail” … A Vezin, situé en périphérie, les détenus ont la possibilité d’être seuls, bénéficient de douches en cellule, ont accès à des unités de vie familiale. Mais de leurs fenêtres, ils aperçoivent désormais “du béton, des grillages”. Et se plaignent d’une atomisation des relations sociales…
La projection sera suivie d’une discussion avec Catherine Rechard (la réalisatrice du film), Luk Vervaet (ancien enseignant à la prison de Saint-Gilles) et David Scheer (chercheur à l’ULB auteur de la thèse sur l’impact de l’architecture carcéral).
22h. CONCERT : Glü
Pour prolonger la soirée en musique nous avons fait appel à nos amis du groupe bruxellois Glü. Ils nous avaient déjà rendu visite en 2014 lors du PleinOPENair à Haren, pour partager avec nous leurs pulsations transes et drum’n’bass contre le projet de prison. Glü offre toujours une ouverture, un arc-en-ciel dans la noirceur de son ciel musical. Laissons-nous emporter par le gig pour percer la noirceur du monde carcéral !